Echange entre Bruno Stefani et Evelyne Gasse, qui lui succède au poste de délégué général

Dans le cadre de la passation du poste de délégué général pour la Fondation Alliance française aux Petites Antilles, Evelyne Gasse, nouvelle déléguée, et Bruno Stefani, délégué sortant, se sont mutuellement interrogés sur leur expérience passée et à venir à ce poste.

Evelyne Gasse : « Monsieur Stefani,

Au terme de ces 4 années au poste de délégué général de la Fondation Alliance française aux petites Antilles, quel bilan dressez-vous de cette expérience ? »

Bruno Stefani : « Mon expérience a été enrichissante car elle s’est nourrie de la précédente. En effet, je suis passé de mon premier poste, à Belém au Brésil, grand pays lusophone, où j’occupais, d’une part, la fonction de directeur d’une Alliance française comptabilisant plus de 1100 élèves et, d’autre part, de consul honoraire de France, à la fonction de délégué général dans un contexte anglophone, en charge d’un réseau d’Alliances françaises localisées au sein de sept pays de tailles plus modestes, dont deux d’entre eux sont membres de la Francophonie (Sainte-Lucie et la Dominique).

Aux petites Antilles, nous avons permis au réseau de se stabiliser financièrement, tout en le développant. Par exemple, l’Alliance française de Sainte-Lucie, siège de la délégation générale, a connu une progression de l’ordre de 70% du nombre d’élèves différents : le prorata du nombre d’élèves par rapport au nombre d’habitants étant probablement l’un des plus élevés au monde. Si l’autonomie financière de nos institutions composant le réseau sera difficilement atteinte, nous avons connu tout de même une forte progression dans notre quête de rentabilité pour l’ensemble de nos institutions localisées aux petites Antilles. Je profite de l’occasion pour remercier l’Ambassade de France dont le soutien inconditionnel, notamment financier, nous est indispensable. »

JPEG - 398.4 ko
Bruno STEFANI

Bruno Stefani : « Madame Gasse,

Pourriez-vous nous parler de votre parcours professionnel avant de devenir déléguée générale pour la Fondation Alliance française aux petites Antilles ? »

Evelyne Gasse : « Diplômée d’école de commerce international, puis d’université (DESS de tourisme), je gravite dans les secteurs de l’évènementiel, du tourisme, de l’hôtellerie et des voyages depuis plus de 25 ans, avec un leitmotiv depuis toujours : montrer le meilleur de la France à des publics étrangers, et le "remarquable" de chaque région aux clientèles françaises. »

JPEG - 1.8 Mo
Mme. Evelyne GASSE

Evelyne Gasse : « Quelles sont, pour vous les priorités de ces prochaines années ? »

Bruno Stefani : « Les priorités sont nombreuses et la liste que je dresse ici est loin d’être exhaustive.

En premier lieu, le défi omniprésent de développer notre réseau dans un contexte budgétaire toujours plus contraignant, la vente des cours de français étant le cœur de notre métier.

Par ailleurs, j’ai facilité l’intégration de l’académie de la Martinique au sein de notre réseau, officiellement, physiquement, stratégiquement, pendant 4 ans, en partenariat avec l’ambassade de France et avec la bénédiction de notre comité. Dans ce cadre, nous pouvons désormais nous appuyer sur l’arrivée récente de la nouvelle Chargée de Coopération éducative dont la motivation et les compétences vont apporter un souffle nouveau et laissent d’ores et déjà augurer le meilleur pour l’avenir.

Ensuite, s’appuyer sur l’intégration récente de la Martinique aux pays membres de l’OECO pour relancer de nouvelles dynamiques avec la Collectivité Territoriale de Martinique notamment dans la coopération culturelle. Bien évidemment en confortant nos bonnes relations avec nos autres voisins ultramarins.

Egalement, capitaliser sur les filières d’excellence du système d’enseignement supérieur français qui bénéficient d’une réputation d’excellence afin de créer un pont avec les systèmes éducatifs locaux, en concevant un continuum qui aille de la maternelle à l’université. La reconnaissance du DELF scolaire par les ministères d’Education locaux et son implantation seraient déjà des signaux forts.

Enfin, n’oublions pas que Sainte-Lucie est pays membre de l’OIF. Il faut exploiter le potentiel économique de la francophonie afin que la langue française devienne un moteur de croissance. La francophonie repose sur un sentiment identitaire puissant et c’est en redonnant du sens à l’économie, qu’elle peut être le porte-voix de la diversité du monde, au service des générations futures. »

Bruno Stefani : « Pourquoi avoir choisi le réseau des Alliances ? »

Evelyne Gasse : « En particulier car ce réseau me semble être un formidable outil au service de l’attractivité française à l’étranger, d’un point de vue culturel et par le biais de la langue. J’espère aussi profiter de ma précédente expérience pour apporter ma "petite pierre" et y adjoindre des actions en lien avec le tourisme. »

JPEG

Evelyne Gasse : « Quels sont vos meilleurs souvenirs ? »

Bruno Stefani : « Concernant le Brésil, à l’issue de nos nombreuses actions mises en place lors de « l’Année de la France au Brésil » en 2009, j’ai eu l’honneur d’être récompensé par le titre de « Citoyen de la ville de Belém » décerné par les élus locaux. Aussi, la réforme immobilière de l’Alliance française de Belém, que nous avions mise en place alors, d’un montant de 550 000€ sur fonds propres, a marqué les esprits.

A Castries, capitale de Sainte Lucie, la présentation d’un spectacle d’opéra au sein de la cathédrale et les événementiels liés à la Francophonie organisés tout au long de ces 4 années à la résidence de France tous les 20 mars ainsi qu’à la Barbade avec, pour la dernière année, nos partenaires Canadiens, Marocains, Mexicains, et Saint Luciens ont été également des moments forts. Je n’oublierai jamais la grande mobilisation et la solidarité démontrées par le gouvernement saint-lucien, les diplomates et la population locale lors des hommages rendus aux victimes des attentats qui ont endeuillé notre pays.

De façon plus générale, le plaisir d’avoir travaillé avec des comités extrêmement compétents, dévoués et dont l’amour pour la culture française est immense. Avoir eu la chance de toujours compter sur des équipes loyales et performantes, sans lesquelles notre tâche serait insurmontable. »

Bruno Stefani : « Que ressentez-vous à la veille de prendre l’attache de votre poste et découvrir ce beau réseau que vous allez diriger ? »

Evelyne Gasse : « J’éprouve une vraie fierté, la volonté de comprendre et poursuivre ce qui a été mis en place par mon prédécesseur, et j’ai conscience d’une responsabilité importante. En fait un "stress positif" qui, je l’espère, me permettra d’être rapidement opérationnelle et acceptée. »

Evelyne Gasse : « Qu’allez-vous faire maintenant ? »

Bruno Stefani : « J’ai eu la chance de découvrir des lieux absolument magnifiques et des gens fabuleux. D’ailleurs, je reste persuadé que l’identité française ne s’appauvrit pas mais s’enrichit de ses résonnances caribéennes. Les départements français d’Amérique, c’est la France avec un modèle culturel et politique renforcé de toutes ces différences. Je vais donc réintégrer le ministère de l’Education nationale en Martinique et assurer un poste de chargé de cours en master FLE au sein de l’Université des Antilles. »

JPEG

Dernière modification : 25/08/2016

Haut de page